Économie

« Mon métier, c’est de meubler »

Hasard du calendrier, cette année le 11 mars tombe un mercredi. L’occasion pour nous de prouver que le hasard fait bien les choses. Nous sommes donc partis à la rencontre de Jean-Pierre Courtin, propriétaire du magasin « Payes ton meuble » de Gamaches.

L’endroit pourrait sembler annodin et c’est pourtant ici que l’entreprise réalise un chiffre d’affaire de plusieurs dizaines d’euros par jours. Jean-Pierre Courtin nous accueille avec simplicité et insiste pour que nous prenions un siège. Il nous explique son parcours et nous fait l’historique de sa société, d’abord spécialisée dans le marouflage, mais qui s’est très vite diversifiée.

« On n’a pas vraiment eu le choix, vous savez. C’est comme Battiston en 82. Vous croyez qu’il a eu le choix lui ? S’il l’avait eu, je pense qu’il aurait préféré garder ses dents ! »

Les débuts sont difficiles. A l’époque, le marché du mobilier en est encore à ses balbutiements.

« C’est comme mon gendre, enfin, mon ex-gendre. Lui et ma fille ont commencé par fréquenter et quand il venait à la maison, ce misérable petit enfoiré ne voulait jamais s’assoir. Il restait là, debout comme un glandu qu’il était. »

C’est en vendant cette chaise qui ne lui servait à rien que Jean-Pierre a commencé dans le métier. Et à sa grande surprise … elle s’est vendue. Il s’est ensuite défait des trois autres chaises puis de la table et enfin du vaisselier. Une frénésie du commerce qui ne fit pas l’unanimité.

« Houa, de toute façon les bonnes femmes c’est bon qu’à râler ! »

Meubler, toujours meubler !

Quelques mois plus tard, le magasin est connu jusqu’aux quartiers Nord de Gamaches et c’est une déferlante quotidienne de visiteurs et d’acheteurs qui se succèdent dans la petite boutique.

« Ya même des touristes qui venaient de loin pour acheter des meubles. Une année, on a même eu des eudois. Le plus dur c’était de se comprendre, avec l’accent et tout mais ils étaient pas méchants. Yen a même un qui a dit à ma femme que si un jour on voulait partir en vacances, on pourrait faire une halte chez eux. Mais bon faudrait quand même savoir un peu parler la langue. »

Le commerçant est néanmoins réaliste face à l’émergence d’une concurrence déloyale des vendeurs de meubles à la sauvette. Pour lui, les personnes qui font du meublage ne sont pas « dignes d’intérêt, ce sont juste des opportunistes à la con ». Quoi qu’il en soit, l’entreprise cherche toujours de nouvelles idées pour se démarquer, en témoigne le nouveau distributeur de meubles automatique, situé à l’entrée des locaux.

« Bein tu mets tes pièces, t’appuies sur le bouton et le meuble y tombe. T’as plus qu’à le récupérer par la fente. »

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